Dec. 1,2000 --- To: Jacques
Chirac (in French) |
Monsieur
le Président de la République Française, Pour des
raisons de stabilité politique, il semble que le président M. Chen
Shui Bian devrait se soumettre au partage du pouvoir avec la majorité
parlementaire. Cela n¡¦irait cependant pas sans compromettre la possibilité
de respecter ses promesses electorales. Les députés
du KMT, ainsi que ceux du Parti Pour le Peuple (PPP) et du Nouveau Parti (NP),
soit près des deux tiers des sièges au Yuan législatif, ont
engagé une procédure de
mise en accusation qui, si elle devait être menée à terme,
pourrait aboutir à la révocation du président de la République
et de la vice-présidente, Annette Lu. Cependant, selon un sondage réalisé
auprès de 1140 personnes par la Commission de Recherche, Développement
et Evaluation les 3 et 4 novembre derniers, 64 pour
cent des taïwanais sont
opposés au projet de révocation du président Chen Shui Bian. Rappelons ici
le contexte politique dans lequel est né le mécontetement de
l¡¦opposition. Moins d¡¦une heure après que M. Lien Chan (ancien
vice-président et ardent défenseur du projet de construction de la
quatrième centrale nucléaire) se soit Le sondage
montre que 45 pour cent des personnes sondées approuvent la décision
du gouvernement contre 34 pour cent d¡¦opinions favorables à une
poursuite de la construction, en
accord avec le projet initial. En ce qui
concerne l¡¦enjeu économique, la
perte financière induite par l¡¦arrêt du projet et la rupture du
contrat est inférieure à celle qu¡¦engendrerait la continuation
de la construction. La décision du gouvernement de revenir sur le
choix de l¡¦administration précédente a été motivée
par d¡¦autres raisons et objectifs précis : la sécurité
des citoyens (faire de Taïwan un pays sans nucléaire avait
d¡¦ailleurs été l¡¦une des promesses électorales de M.
Chen Shui Bian), les difficultés de stockage et de retraitement de la
quantité croissante de déchets radioactifs issus de
l¡¦exploitation des centrales nucléaires insulaires ainsi aue leur coût
exorbitant, l¡¦autosuffisance énergétique (les marges énergétiques
de l¡¦île pourraient être accrues dans les années à
venir), une transition énergétique nécessaire et la
recherche de solutions de remplacement. La décision d¡¦annuler le projet de quatrième centrale
nucléaire s¡¦inscrit donc dans la volonté nationale et
internationale de mettre en oeuvre une nouvelle politique énergétique
plus propre et pour le bien de tous. Afin
de mettre un terme aux conflits entre l¡¦administration de M. Chen Shui Bian et l¡¦opposition, nous pensons
qu¡¦il serait bienvenu de réformer
les points peu précis de la constitution qui expliciteraient davantage
les pouvoirs du président vis-à-vis du gouvernement. Nonobstant
la véhémence d¡¦un législatif tout puissant, nous devrions laisser sa chance au Président de réaliser
son programme et de satisfaire les promesses électorales. Qui plus
est, M. Chen Shui Bian a présenté ses excuses télévisées
à l¡¦ensemble de la nation et en particulier à M. Lien Chan
et dit qu¡¦il regrettait ses maladresses survenues alors qu¡¦il s¡¦était
concentré ces dernier mois sur la gestion des affaires nationales.
Laissons-le donc poursuivre son travail. L¡¦opposition
qui attend le moment favorable afin de faire aboutir la destitution du président
sait d¡¦ores et déjà que davantage de voix sont réunies
qu¡¦il ne lui en faut pour ce faire. Elle a d¡¦ailleurs ironisé sur le
discours télévisé du président en disant qu¡¦il
paraît acceptable, du moins seulement pour la forme. L¡¦opposition est en
fait déterminée à révoquer le président de la
République. Mais, selon le chef-de-file du KMT au parlement, M. Tseng-Yung
Chuan, « nous pensons que la priorité réside dans le
vote de lois qui légalisent des efforts de reconstruction consécutifs
au tremblement de terre du 21 septembre 1999 ». Plus de 1000
manifestants ont assiégé le parlement pendant un jour entier et
exprimé leur colère quant à la conduite du KMT à
l¡¦égard de M. Chen Shui Bian et de son parti, le PDP (Parti Démocratique
Progressiste). Ils ont menacé de lancer une campagne afin de révoquer
les députés qui voudraient sauver « un projet nucléaire
fatal ». Ils ont par ailleurs demandé à ce que le KMT réfléchisse
par deux fois avant de lancer leur toute action contre le président. Les médias
taïwanais se font les échos d¡¦un président que l¡¦opinion
aime de moins en moins. Mais qui est aux mains des médias ? Il faudrait qu¡¦à Taïwan les différents pouvoirs
apprennent a représenter davantage le peuple. Laissons
à M. Chen Shui Bian qui a été démocratiquement
élu la possibilité de le faire. Car, ainsi que l¡¦a écrit
dans une déclaration de 8000 mots une personnalité de la Cheng
Society, très influente dans l¡¦opinion taïwanaise, l¡¦agitation
de l¡¦opposition a ces temps-ci infligé de nombreuses perturbations
sociales qui, si la procédure de mise en accusation est menée
à terme, « plomberont l"avenir du pays pour l¡¦éternité
». Selon un
rerporter du Los Angeles Times, M. Henry Chu, la « législature [taïwanaise]
est controlée par un parti qui n¡¦a aucune idée de la façon
de se comporter comme un parti d¡¦opposition, après avoir dirigé
le pays pendant 51 ans et avoir subi la défaite humiliante que lui ont
infligée les électeurs
». Pourquoi donc
un investissement de 8.5 milliards d¡¦euros génère-t-il tant de
troubles ? 1. A cause de la pression
infligée sur les deux parties (Chine et Taïwan) par l¡¦adhésion
au sein de l¡¦OMC, 2.
A cause des efforts anti-corruptions, lesquels entraînent la fuite de
quelques traîtres hors du territoire taïwanais, 3.
A cause du viol de la loi attribuable à la législature et du
complot par lequel les médias égarent le peuple. Ces raisons
constituent toutes des facteurs non-économiques. Nous héritons
de vous, français, nos valeurs démocratiques, et plus généralement,
nous les avons apprises de vous tous, amis occidentaux. Le nouveau gouvernement
a donc besoin de vos conseils. Monsieur le Président
de la République Française, nous vous prions d¡¦agréer nos
humbles et respectueux hommages.
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