Dec. 1,2000 --- To: Jacques Chirac (in French)

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Le 1er décembre 2000

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Monsieur Jacques Chirac
Président de la République Française
Palais de l¡¦Elysée
55 et 57, Rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 PARIS
FRANCE

Monsieur le Président de la République Française,

Pour des raisons de stabilité politique, il semble que le président M. Chen Shui Bian devrait se soumettre au partage du pouvoir avec la majorité parlementaire. Cela n¡¦irait cependant pas sans compromettre la possibilité de respecter ses promesses electorales.

Les députés du KMT, ainsi que ceux du Parti Pour le Peuple (PPP) et du Nouveau Parti (NP), soit près des deux tiers des sièges au Yuan législatif, ont engagé une procédure de mise en accusation qui, si elle devait être menée à terme, pourrait aboutir à la révocation du président de la République et de la vice-présidente, Annette Lu. Cependant, selon un sondage réalisé auprès de 1140 personnes par la Commission de Recherche, Développement et Evaluation les 3 et 4 novembre derniers, 64 pour cent des taïwanais sont opposés au projet de révocation du président Chen Shui Bian.

Rappelons ici le contexte politique dans lequel est né le mécontetement de l¡¦opposition. Moins d¡¦une heure après que M. Lien Chan (ancien vice-président et ardent défenseur du projet de construction de la quatrième centrale nucléaire) se soit entretenu avec le chef de l¡¦Etat, le gouvernement a annoncé sa décision d¡¦abandonner la construction de la centrale. L¡¦opposition n¡¦a guère apprécié cette coïncidence de temps qui a témoigné, selon elle, d¡¦un total manque de respect à leur égard.

Le sondage montre que 45 pour cent des personnes sondées approuvent la décision du gouvernement contre 34 pour cent d¡¦opinions favorables à une poursuite de la  construction, en accord avec le projet initial.

En ce qui concerne l¡¦enjeu économique, la perte financière induite par l¡¦arrêt du projet et la rupture du contrat est inférieure à celle qu¡¦engendrerait la continuation de la construction. La décision du gouvernement de revenir sur le choix de l¡¦administration précédente a été motivée par d¡¦autres raisons et objectifs précis : la sécurité des citoyens (faire de Taïwan un pays sans nucléaire avait d¡¦ailleurs été l¡¦une des promesses électorales de M. Chen Shui Bian), les difficultés de stockage et de retraitement de la quantité croissante de déchets radioactifs issus de l¡¦exploitation des centrales nucléaires insulaires ainsi aue leur coût exorbitant, l¡¦autosuffisance énergétique (les marges énergétiques de l¡¦île pourraient être accrues dans les années à venir), une transition énergétique nécessaire et la recherche de solutions de remplacement. La décision d¡¦annuler le projet de quatrième centrale nucléaire s¡¦inscrit donc dans la volonté nationale et internationale de mettre en oeuvre une nouvelle politique énergétique plus propre et pour le bien de tous.

Afin de mettre un terme aux conflits entre l¡¦administration de M. Chen Shui Bian et l¡¦opposition, nous pensons qu¡¦il serait bienvenu de réformer les points peu précis de la constitution qui expliciteraient davantage les pouvoirs du président vis-à-vis du gouvernement. Nonobstant la véhémence d¡¦un législatif tout puissant, nous devrions laisser sa chance au Président de réaliser son programme et de satisfaire les promesses électorales. Qui plus est, M. Chen Shui Bian a présenté ses excuses télévisées à l¡¦ensemble de la nation et en particulier à M. Lien Chan et dit qu¡¦il regrettait ses maladresses survenues alors qu¡¦il s¡¦était concentré ces dernier mois sur la gestion des affaires nationales. Laissons-le donc poursuivre son travail.

L¡¦opposition qui attend le moment favorable afin de faire aboutir la destitution du président sait d¡¦ores et déjà que davantage de voix sont réunies qu¡¦il ne lui en faut pour ce faire. Elle a d¡¦ailleurs ironisé sur le discours télévisé du président en disant qu¡¦il paraît acceptable, du moins seulement pour la forme. L¡¦opposition est en fait déterminée à révoquer le président de la République. Mais, selon le chef-de-file du KMT au parlement, M. Tseng-Yung Chuan, « nous pensons que la priorité réside dans le vote de lois qui légalisent des efforts de reconstruction consécutifs au tremblement de terre du 21 septembre 1999 ».

Plus de 1000 manifestants ont assiégé le parlement pendant un jour entier et exprimé leur colère quant à la conduite du KMT à l¡¦égard de M. Chen Shui Bian et de son parti, le PDP (Parti Démocratique Progressiste). Ils ont menacé de lancer une campagne afin de révoquer les députés qui voudraient sauver « un projet nucléaire fatal ». Ils ont par ailleurs demandé à ce que le KMT réfléchisse par deux fois avant de lancer leur toute action contre le président.

Les médias taïwanais se font les échos d¡¦un président que l¡¦opinion aime de moins en moins. Mais qui est aux mains des médias ? Il faudrait qu¡¦à Taïwan les différents pouvoirs apprennent a représenter davantage le peuple. Laissons à M. Chen Shui Bian qui a été démocratiquement élu la possibilité de le faire. Car, ainsi que l¡¦a écrit dans une déclaration de 8000 mots une personnalité de la Cheng Society, très influente dans l¡¦opinion taïwanaise, l¡¦agitation de l¡¦opposition a ces temps-ci infligé de nombreuses perturbations sociales qui, si la procédure de mise en accusation est menée à terme, « plomberont l"avenir du pays pour l¡¦éternité ».

Selon un rerporter du Los Angeles Times, M. Henry Chu, la « législature [taïwanaise] est controlée par un parti qui n¡¦a aucune idée de la façon de se comporter comme un parti d¡¦opposition, après avoir dirigé le pays pendant 51 ans et avoir subi la défaite humiliante que lui ont infligée les électeurs ».

Pourquoi donc un investissement de 8.5 milliards d¡¦euros génère-t-il tant de troubles ? 1. A cause de la pression infligée sur les deux parties (Chine et Taïwan) par l¡¦adhésion au sein de l¡¦OMC,

2. A cause des efforts anti-corruptions, lesquels entraînent la fuite de quelques traîtres hors du territoire taïwanais,

3. A cause du viol de la loi attribuable à la législature et du complot par lequel les médias égarent le peuple.

Ces raisons constituent toutes des facteurs non-économiques.

Nous héritons de vous, français, nos valeurs démocratiques, et plus généralement, nous les avons apprises de vous tous, amis occidentaux. Le nouveau gouvernement a donc besoin de vos conseils.

Monsieur le Président de la République Française, nous vous prions d¡¦agréer nos humbles et respectueux hommages.

 

Yang Hsu-Tung,
Président de la Fondation Culturelle
et Educative Taïwan Tati
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